La CNI déplore évidemment l’absence de proposition concrète sur l’amélioration des conditions de travail et sur la reconnaissance de la pénibilité de nos professions. Les hôpitaux traversent pourtant une crise sans pré-cédent. Les plans de retour à l’équilibre et les restructurations sont plus que jamais d’actualité.
Directions d’hôpitaux et pouvoirs publics font pourtant le même constat mais attendent quoi ? Partout la grogne monte dans les services. Le « ras-le-bol » atteint des sommets mais aucun signal fort pour dire « je vous ai compris, le changement c’est maintenant ». Ce silence assourdissant à l’égard des blouses blanches traduit plus un affichage qu’un réel traitement face au manque de moyens humains et matériels qui ne per-met plus aux professionnels un exercice en adéquation avec leurs valeurs professionnelles au quotidien. Au-cun message particulier n’est donc adressé aux professionnels qui souffrent au quotidien de ne plus pouvoir travailler dans des conditions acceptables. D’ailleurs, sur ce point, Marisol Touraine n’a pas repris la proposi-tion du rapport Couty sur l’ouverture en 2013 de négociations pour l’amélioration des conditions de travail. La sécurité et la qualité des soins sont pourtant bel et bien menacées...
Pour résumer, un grand et « ambitieux » projet vient d’accoucher, dans la douleur, sur pas grand-chose à sa-voir... l’annonce de mesures qui ont déjà été actées par des sorties de décrets décevants, des noms d’instan-ces qui changeraient, des propositions de création de moratoire, d’appel à projets, d’observatoire, de comité technique... Ce rapport joue sur les mots sans tenir compte du mal dont souffrent les soignants.
Certes, quelques points positifs sont à noter comme la volonté de tourner la page de la loi Hôpital Patient Santé Territoires et la réaffirmation de réintroduire la notion de service public hospitalier dans une nouvelle loi qui définira l’hôpital de demain. Concernant le financement de l’hôpital et la T2A, l’engagement est pris pour instaurer une tarification qui tienne compte de la qualité. Cet engagement, à peine annoncé, est déjà contredit par des baisses tarifaires programmées dans le secteur public pour 2013. Enfin,
la CNI note tout de même la volonté de relancer les CLACT (Contrats Locaux d’Amélioration des Conditions de Travail) plus axés sur la conciliation entre la vie au travail et la vie personnelle. Mais outre la volonté, les moyens seront-ils ré-ellement donnés pour des solutions concrètes et rapides ?
Que faut-il faire pour qu’enfin les soignants soient écoutés et entendus ?
Faut-il un nouveau printemps blanc, un nouveau déferlement de la filière infirmière dans la rue, comme en 1988 et 1990, pour retrouver les moyens d’une prise en charge de qualité ?
L’avenir et la volonté de chacun à se mobiliser nous le dira.
Nathalie DEPOIRE
présidente de la CNI