Actu

Pratique avancée en marche arrière ou comment le ministère courbe l’échine face à une minorité médicale

None

Communiqué du 26 avril 2018

Pratique avancée en marche arrière ou comment le ministère courbe l’échine face à une minorité médicale

Très attendus depuis la Loi de modernisation du système de santé de janvier 2016, les textes régissant l’exercice infirmier en pratique avancée doivent être présentés cet après-midi au ministère de la Santé. Une première présentation avait suscité de vives réactions tant parmi les médecins que les infirmiers. La nouvelle mouture des textes semble confirmer une fois encore le pouvoir des lobbys médicaux au détriment de la reconnaissance de l’expertise infirmière mais aussi et surtout de l’intérêt des usagers. Bien loin de poser l’innovation et le cadre annoncé de « ce nouveau métier » tellement affiché ces derniers mois, les rédacteurs paraphrasent pour décrire un acte de consultation sans poser le terme. En effet, réel point d’achoppement, le mot “consultation” dérange car il représente à la fois une « chasse gardée » et une potentielle cotation. L’objet n’est pourtant pas de revendiquer l’acte de consultation médicale mais bien une consultation infirmière comme il en existe déjà plusieurs en France sans qu’elles soient pour autant reconnues. Avant d’aller plus avant, il est nécessaire de rappeler la définition de l’infirmière en pratique avancée posée par le CII, Conseil International Infirmier : «Une infirmière praticienne en pratique infirmière avancée est une infirmière diplômée d’État ou certifiée qui a acquis les connaissances théoriques, le savoir-faire nécessaire aux prises de décisions complexes, de même que les compétences cliniques indispensables à la pratique avancée de son métier, pratique avancée dont les caractéristiques sont déterminées par le contexte dans lequel l’infirmière sera autorisée à exercer. Une formation de base de niveau maîtrise est recommandée». Les nouveaux textes proposés enfermeraient l’infirmier exerçant en pratique avancée à agir dans « le cadre de protocoles d’organisation précisant les règles de collaboration » entre le médecin et lui. Outre l’évidente négation de l’expertise infirmière, il s’agit d’un frein majeur à l’exercice au regard de la problématique de désertification médicale croissante que connaît notre pays. Après de longs mois d’attente, la déception, la colère s’amplifient parmi les professionnels infirmiers mais c’est plus que tout l’indignation qui monte à présent. Quels sont les fondements qui doivent guider l’action publique ? Les lobbies ou la plus-value pour les usagers ? Dans ce cas précis, les décisions doivent-elles être guidées par les craintes exacerbées par un conservatisme médical d’arrière-garde ou au contraire par l’intérêt des usagers au regard de la plus-value démontrée par l’exercice en pratique avancée infirmière dans de nombreux autres pays ? De nombreux jeunes médecins, à l’inverse d’une minorité de généralistes corporatistes, l’ont compris et souligné, les enjeux sont colossaux et bien d’actualité, une réelle autonomie de l’infirmière en pratique avancée doit être définie pour répondre aux besoins dans l’urgence, sans tergiverser. Nathalie DEPOIRE Présidente Syndicat CNI presidencecni@gmail.com lien PDF :