Lettre ouverte au Président de la République du 31 janvier 2017
Vous, MONSIEUR le futur ex-Président, vous venez d'inaugurer au CHU de Poitiers la magnifique structure régionale CCV, fleuron d'un établissement géré avec exemplarité.
Pour vous, MONSIEUR le futur ex-Président, nous, soignants, avons dû réorganiser nos activités de soins et, comme les patients d'ailleurs, nous avons dû nous adapter à votre venue. Des consultations ont dues être annulées et des examens complémentaires reportés... Certaines familles n'ont pas pu visiter leurs proches...
Pour vous, MONSIEUR le futur ex-Président, la direction vous a épargné la visite de la chambre 13 car ça porte malheur. Quant aux soignants, Monsieur le futur ex-président, ils ont dû changer certains patients de chambre pour ne garder que les moins malades d'entre eux et les plus présentables. Ainsi, les vrais patients qui n'allaient pas bien ont été déplacés... juste pour vous Monsieur le futur ex-président !
Pour vous, MONSIEUR le futur ex-Président, des agents ont changé leur planning pour effectuer du grand ménage et faire en sorte que votre visite soit des plus agréables. D'autres ont fait des heures supplémentaires ou annulé leurs vacances...
Pour vous, MONSIEUR le futur ex-Président, l'équipe de peintres est venue rafraichir certains couloirs pour ne pas heurter votre sensibilité.
Vous, MONSIEUR le futur ex-Président, vous avez imposé les mesures de sécurité indispensables à votre fonction et avez ainsi bloqué l'accès aux parkings pendant 2 jours. Sachez que les difficultés de stationnement habituelles nous suffisaient amplement. Les forces de l'ordre étaient omniprésentes. Merci pour les renforts mais, pour la sécurité des soins, nous avons surtout besoin de soignants, pas de CRS !
Vous, MONSIEUR le futur ex-Président, vous avez ainsi remercié la Direction Générale du CHU de Poitiers qui réalise, avec zèle, une partie de ses excédents financiers sur le dos de ses agents en bloquant leur avancement. Et oui, derrière la vitrine se cache une toute autre réalité.
Vous, MONSIEUR le futur ex-Président, vous avez déclaré qu'il faut continuer à faire de la santé une priorité pour les français. Par contre, il faudrait que la santé des soignants devienne également une priorité pour tous les politiques dont vous faites partie.
Vous, MONSIEUR le futur ex-Président, vous êtes venu en compagnie de votre ministre de la santé qui n'a fait aucune annonce en faveur des personnels soignants et qui a toujours refusé de les recevoir. Aurait-elle peur de se confronter à la misère des soignants ?
Pour faire « joli », MONSIEUR le futur ex-Président, vos conseillers sont venus chercher des soignants en tenue dans les services (et donc au travail !) pour mettre des « taches » de couleurs à vos côtés sur les photos. Les soignants vous remercient pour le qualificatif et, pour mettre « l'accent », vous précisent que la « tâche » est aussi un travail qui n'a rien de fictif. Les soignants ne font pas dans la figuration.
Pour nous, soignants, MONSIEUR le futur ex-Président, vous n'aurez donc rien fait pendant votre mandat pour améliorer notre quotidien, bien au contraire... Si la France est bien en état d'urgence, notre système de santé est quant à lui en soins palliatifs ! Vous avez raison, Monsieur le futur ex-Président, laissons à présent mourir les soignants dans l'indignité.
Au fait, Monsieur le futur ex-Président, ne seriez-vous pas déconnecté de la réalité ? Alors que l'argent public est compté, que les soignants se serrent la ceinture... Pouvez-vous nous dire combien a coûté cette mascarade ?
Veuillez recevoir, Monsieur le Président de la République, l'expression de mon profond respect.
Christian TRIANNEAU
Président du syndicat CNI de Poitiers et de la Vienne