Actu

Lettre ouverte

None

Ouvrez les yeux ! Que faites-vous ?

Les soignants ne sont pas des machines, cela fait des années qu’ils s’épuisent à pallier l’inaction des gouvernements successifs.

Non ce n’est pas le covid 19 le seul responsable de l’épuisement.

Non ce ne sont pas les congés estivaux les responsables du manque de personnel dans les services, comment pouvez-vous ignorer la situation sur le terrain ? Comment ignorer que la majorité des soignants n’ont que 15 jours de congés sur cette période, que leurs congés sont « lissés », comme on le leur impose, sur toute l’année et que ce n’est pas la période estivale qui vient désorganiser l’hôpital ?

Comment pouvez-vous croire que l’hôpital public tient encore ?

Que les personnels tiennent encore ?

Qu’il n’y aura aucune difficulté à gérer la canicule aux urgences en France ?

Dans quel monde parallèle vivez-vous ?

Que dire de la campagne de communication que vous faites auprès de la population ?

  • Appelez le 15 avant d’aller aux urgences… Quelle conscience avez-vous de l’encombrement du 15 ?
  • Grave ou pas grave ? Qui sommes-nous pour pouvoir considérer la gravité d’un cas ? Combien de français n’oseront pas ni aller aux urgences, ni appeler le 15 par peur de déranger ou de passer pour quelqu’un qui abuse du système de santé ? Parce-que la « bobologie » aux urgences, si elle existe, n’est pas le plus gros problème de ces services.

Les vrais problèmes ce sont :

  • La désertification médicale qui ne permet plus aux personnes d’avoir recours à un généraliste quand ils en ont besoin (et n’abordons même pas la question des spécialistes…), les quotas dans les facultés de médecine qui n’ont pas été revus suffisamment tôt pour anticiper le vieillissement de la population médicale et l’augmentation des besoins de la population, elle aussi vieillissante.
  • Le manque d’effectifs hospitaliers, car il a fallu, là aussi, que les difficultés liées au vieillissement du personnel et la désertion croissante deviennent criantes pour qu’enfin nos tutelles s’interrogent sur le manque d’attractivité et les solutions à trouver,
  • Le manque de lits d’avals à force de suppression de lits d’hospitalisation…

La liste n’est malheureusement pas exhaustive.

Aujourd’hui la situation est catastrophique et tout le monde se défausse.

A l’échelle des établissements on renvoie la balle à l’ARS, à l’échelle des ARS, elle est renvoyée au gouvernement, au gouvernement on renvoie la responsabilité aux précédents gouvernements !

Arrêtez les enquêtes flash, les études, les concertations à n’en plus finir !

Pas besoin de tout cela, il suffit de demander à ceux qui œuvrent chaque jour sur le terrain !

Les faits sont connus, les causes sont connues, nous vous les crions sur tous les tons depuis des années !

Les professionnels n’en peuvent plus des promesses, des saupoudrages de primes qui provoquent toujours plus d’iniquité au sein des équipes et des établissements !

Et que dire des dernières annonces ? Une augmentation de la valeur du point d’indice qui ne suit même pas l’inflation ? Une majoration des indemnités de travail de nuit pour une période de 3 mois avec encore des iniquités !

Comment est-il possible d’ignorer qu’aujourd’hui c’est la grande majorité des services qui fonctionnent en alternance jour nuit, parce que les effectifs ne suffisent plus et que c’est le seul moyen pour permettre la continuité de service ?

Venez expliquer aux agents des services conventionnels qu’ils méritent une moindre revalorisation des indemnités de nuit que leurs collègues des services de soins critiques !

Les accords du Ségur de la santé nous sont présentés comme la solution à tous les maux. Ils ont été signés il y a deux ans et s’engageaient à revoir la rémunération des indemnités de nuit, de weekend et de férié.

Venez aujourd’hui expliquer aux agents pourquoi cette majoration est mise en place uniquement pour trois mois. Et quelle aubole, soyons sérieux deux minutes, êtes-vous capable de trouver la nourrice qui gardera les enfants d’un soignant pour 20 euros la nuit !

Comment pensez-vous pouvoir être encore un tant soit peu crédibles auprès des agents de la fonction publique hospitalière ?

Si les accords, bien qu’imparfaits, pouvaient laisser entrevoir de premières avancées et des changements susceptibles de faire évoluer la situation sur le terrain, deux ans plus tard, ceux-ci ne sont toujours pas appliqués ! Quand donnera-t-on réellement aux professionnels leur place dans les directoires ? Quand donnera-t-on réellement du poids à leurs avis, leurs propositions ?

Personne ne peut nier les quelques avancées salariales mais là encore, trop d’iniquités !

Venez expliquer aux agents des services hospitaliers pourquoi aujourd’hui ils touchent le même salaire qu’ils soient embauchés depuis 24h ou depuis 9 ans !

Il n’y a meilleur sourd que celui qui ne veut entendre et d’aveugle que celui qui ne veut voir et voilà à quoi nous en sommes arrivés :

Les plannings ne tournent plus, l’absentéisme explose, la fuite s’intensifie et vous,

vous nous sortez des pansements sur une jambe de bois qui ne résiste plus au choc de la réalité,

celle que vous avez trop longtemps refusée de voir !

Lettre ouverte Ouvrez les yeux.pdf [248,7 Kio] Télécharger